Beffroi (Le)
Le Beffroi. Art et littérature moderne
En 1900, un groupe d’étudiants de la Faculté des lettres de Lille fondait, sous la direction de Léon Bocquet, une revue littéraire, qu’ils appelèrent Le Beffroi. En 1905, Bocquet ayant été nommé rédacteur en chef du Journal de Roubaix, Le Beffroi s’installait à Roubaix, rue de la Rondelle, jusqu’au départ pour Paris de son animateur, en 1910. Anna Mascarello a consacré sa thèse à ce périodique[1].
1.1 La revue.
À sa création, la revue (brochure de trente-six pages in-8°) annonçait qu’elle paraîtrait le quinze de chaque mois. En fait, il n’y eut que neuf numéros par an les premières années, et par la suite cinq à six. Il n’existe pas de collection complète, selon Mascarello, mais une collection presque entière peut-être réunie en mettant en commun les ressources de la Bibliothèque de l’Université catholique de Lille et de la Bibliothèque municipale de cette ville.
Le numéro 75, consulté au Mundaneum, porte en sous titre : Art et littérature. Revue-anthologie des poètes d’aujourd’hui. Il était vendu 75 centimes. L’imprimeur gérant était M. Vandroth-Fauconnier. Bocquet lança, en 1905, une maison d’édition qu’il appela tout simplement Le Beffroi.
1.2 Les participants
Le rédacteur en chef et animateur était bien sûr Léon Bocquet, journaliste à Lille, puis au Journal de Roubaix[2]. Le comité de rédaction en 1906 comprenait Louis Pergaud, Daniel Thaly (un parnassien guadeloupéen), et aussi Amédée Prouvost.
La volonté était de regrouper poètes et prosateurs du Nord, sans exclusive : Le Beffroi ne voulut jamais être une école, accueillant bien au contraire des talents divers. Par contre, sa vocation régionaliste ne faillit jamais, même s’il accueillit des contributions de la France entière, et même au-delà.
Le Beffroi imprimait vers et prose. Vers libres et symbolisme dominaient, mais le Parnasse et le classicisme n’étaient pas absents. Seule règle, l’art doit être accessible : Quant aux... tourneurs de bilboquets intellectuels, qui prétendent réserver ce qu’ils appellent l’art à de petites sectes d’initiés, nous ne nous en occupons pas. Ils continueront à psalmodier en d’étroites chapelles où pontifie leur impuissance : mais ils sont hors de la vie et destinés à mourir. (cité par Mascarello).
Les rimeurs furent nombreux au Beffroi, mais pour beaucoup, leur oeuvre est jugé sans grande estime : Une part de nos poèmes, hélas ne dépend que de la mode; celle-ci sera bientôt méprisée..., écrit R. Frêne dans la revue. Et Lecigne d’ajouter : Bruges la Morte les hante, ils sont pâles comme Rodenbach.... Ils habitent l’ombre de la mort; ils errent sans se lasser parmi le vieux cimetière flamand, évoquant des spectres, secourant les cyprès et murmurant au vent de la nuit la plainte des siècles morts. Il les appelle aussi Le groupe des poitrinaires….
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[1] Mascarello, Anna.- La Revue Le Beffroi de Léon Bocquet (1900-1913); Inaugural-dissertation zur Erlangung des akademischen Grades eines Doktor der Philosophie der Philosophischen Fakultät der Universität des Saarlandes.- [S. N.] : Saarbrücken, 1962.- 144 p. Et aussi : Secret, M.-N..- Hors frontières avec Léon Bocquet : essai biblio-iconographique. Paris : Lib. Alphonse Lemerre, 1943.- 90 p
[2] Le Journal de Roubaix; du 7 décembre 1908 le rappelle.