Allez Arras
Allez Arras. Organe des supporters du Racing-Club d’Arras
« Allez Arras ! » En décembre 1936, ce cri qui résonne chaque dimanche au stade Degouve s'étale désormais sur les trois colonnes du journal lancé par le club de football d'Arras et ses supporters. À la faveur du passage de l'équipe première du RCA dans les rangs professionnels, les clubs de supporters ont concrétisé une idée, née quelques années auparavant, à la suite des exploits du club en Coupe de France : « le fait pour le RCA de passer pro a permis de voir se regrouper autour des fidèles, tous les amis qui nous avaient abandonnés. Et c'est pourquoi, sans plus attendre, le comité des supporters, […] est heureux de vous annoncer que Allez Arras, bulletin des supporters, est né. »
L'équipe première de football fait bien sûr régulièrement la « une » de cet hebdomadaire de huit pages de format 24 x 32 cm, vendu 50 centimes le numéro ou 15 F pour un abonnement d'un an. D'autant que pour sa première année parmi les professionnels, elle brûle les étapes. À l'issue d'une saison relativement brève, elle termine en tête de la troisième division tandis que le voisin lensois s'offre la première place de la seconde division.
Là ne s'arrête pas l'ambition de cet « organe des supporters du racing-Club d'Arras ». Il souhaite s'ouvrir à tous, « faire connaître les moindres faits et gestes du club […] en faisant paraître les communiqués et comptes rendus non seulement des différentes sections du Racing, mais des différentes équipes de chacune des sections » et ainsi « stimuler davantage la bonne volonté et le courage de ceux qui chaque dimanche portent bien haut le fanion du RCA mais qui, jusqu'à présent, n'ont pas été suffisamment mis à l'honneur. » Allez Arras, dont l'administration et la rédaction ont élu domicile au Café du Carillon, parle donc de football, mais aussi de hockey, de water-polo, voire de catch… Il donne les résultats des équipes plus modestes ou de jeunes.
Chaque vendredi, ses journalistes bénévoles, dont certains se cachent sous les pseudonymes fantaisistes de P. Nalty, Kid Ivray, V rytai, Otto Buss, etc., présentent le match de la semaine, analysent le précédent, donnent un billet d'humeur… Parallèlement, chaque semaine, le journal dresse le portrait d'un joueur : Agathon Wattrelot, ancien de L'Olympique lillois, membre de l'équipe de universitaire ; François Vasse, le capitaine plusieurs fois sélectionné en équipe du Nord et en équipe d'Artois ; l'avant-centre Arthur Fruleux que « Arras a soufflé à Sochaux » ; le demi-centre Pierre Lemaître « qui fut de l'année glorieuse du RCA : championnats du Nord, 1/8e de finale de la Coupe de France en 1934 » ; le demi-centre hongrois Borsos ; l'inter écossais André Higgins qui « après une saison à l'Olympique lillois en 1935/36 a rejoint à Arras », etc. Allez-Arras n'oublie pas de mettre à l'honneur les espoirs, mais aussi les dirigeants. Ainsi évoque-t-il l'un des membres de l'équipe rédactionnelle Marcel Doutremépuich. Entré au RCA en 1902, peu après sa fondation, cet ancien joueur est devenu vice-président du club des supporters.
Allez Arras, dans les pages duquel la publicité côtoie articles et résultats, n'hésite pas à faire quelques emprunts dans d'autres journaux : Paris Soir, Sports du Nord… pour enrichir son contenu.
Imprimé par Arras-graphique, 32, Grand’Place, ce bulletin, dont le gérant est Robert Laurent, abandonne la parution hebdomadaire à partir de la fin du mois de mai 1937. L'actualité sportive se concentrant surtout sur le water-polo, il paraît tous les quinze jours. Cependant il ne semble pas être allé au-delà du n° 28 daté du 30 juillet 1937. Était-il en proie à des difficultés ? Avait-il rencontré un lectorat suffisamment large ? On ne trouve aucune allusion sur sa situation, mais depuis plusieurs numéros beaucoup d'emplacements publicitaires restaient vides.