Gazette de Bapaume (La)
La Gazette de Bapaume. Journal hebdomadaire. Organe républicain des cantons de Bapaume, Bertincourt, Croisilles, Marquion et Vitry
Devient : La Gazette de Bapaume. Journal hebdomadaire. Organe républicain de l’arrondissement d’Arras. - Puis : La Gazette de Bapaume, organe républicain de l’arrondissement d’Arras.- Puis : Gazette de Bapaume, organe républicain de l’arrondissement d’Arras. Journal hebdomadaire (dimanche)
Depuis 1879, les républicains, ces hommes qui se réfèrent à la Révolution de 1789 et revendiquent la souveraineté nationale, détiennent tous les pouvoirs. Les élections municipales de janvier 1881 viennent de voir leur triomphe dans 76 départements. À Bapaume, ville de 3 335 habitants du sud de l'arrondissement d'Arras, ils siègent également la mairie où Martial Pajot occupe le fauteuil de premier magistrat.
Une nouvelle échéance se profile cependant à l'horizon avec les élections législatives dont le premier tour aura lieu le 21 août. Alors que les conservateurs disposent depuis bientôt dix ans d'un hebdomadaire, Le Cantonal, les républicains n'ont pas de tribune pour répondre aux attaques de leurs adversaires.
Le 19 mars 1881, un ancien combattant ayant participé à la bataille de Bapaume contre les Prussiens en janvier 1871, Victor Hamel, 32 ans, domicilié 5, rue de l’Église, fait part, au préfet du Pas-de-Calais, de son intention de publier un hebdomadaire politique dont il serait le propriétaire, le gérant et le rédacteur. Le lendemain (1), le premier numéro de La Gazette de Bapaume. Journal hebdomadaire. Organe républicain des cantons de Bapaume, Bertincourt, Croisilles, Marquion et Vitry paraît. De format 31 x 46 cm, le nouvel hebdomadaire, dont le prix de l'abonnement s'élève à 5 F par an, affiche comme mot d'ordre « S'unir pour vaincre ». Dans le programme qu'il développe, il se propose de « moraliser, instruire et diriger le suffrage universel, en inoculant dans l'esprit des masses des idées de progrès, de justice et de travail, en faisant une guerre incessante à l'ignorance, à l'hypocrisie et au fanatisme. »
Quelques semaines plus tard, le journal donne la composition de son « comité de direction politique » composé d'une douzaine de membres représentant « toutes les nuances et les sous-nuances » de la République. « Républicain, on peut avoir des opinions plus ou moins accentuées en religion, en économie sociale, en administration, en finances, on peut être plus ou moins libéral » explique l'éditorialiste de l'hebdomadaire bapalmois. Certains sont des élus comme Ernest Deusy, député, conseiller général ; Anatole Dhorne, conseiller d'arrondissement ; Martial Pajot, maire de Bapaume ; Godefroy, maire d'Écourt-Saint-Quentin… Ils côtoient des notables, médecins, vétérinaires, notaire, et des militants des sociétés d'agriculture comme notamment Henri Bachelet, futur conseiller d'arrondissement et sénateur.
UN JOURNAL SANS RÉDACTION ?
Le gérant Victor Hamel, négociant en marchandises diverses dont La Gazette fait régulièrement la promotion, est l'objet des railleries du journal concurrent, Le Cantonal. « Des méchants disent qu'il ne […] pourrait pas [écrire]. C'est une médisance. Nous voulons le croire : le gérant étudie aussitôt qu'il est rentré de ses courses, et nous le verrons peut-être monter jusqu'à l'Institut, entrer à l'Académie » écrit-il dès les premières semaines d'existence de La Gazette. Hamel signera bien quelques rares articulets, cela n'empêche pas Le Cantonal de récidiver. Dix ans plus tard, il affirme : « le gérant est payé… ce sont de plus fins politiques qui tirent les ficelles par lesquelles le journal arrive à paraître. Le gérant est de paille, de bois, de coton… Il ne sait pas le vendredi ce qu'il lira le samedi dans sa Gazette. Enfin, il est responsable, il est payé… Et chaque semaine, il dépose sa signature au bas du journal. Sufficit !… (2) » Pour mieux mettre l'accent sur le manque de sérieux de son concurrent, il ne se prive pas de brocarder les bureaux du journal : « tout à la fois magasin, bureau de receveur, cabinet de conseiller municipal, en un mot tout à fait fin de siècle. »
Comme toutes les publications, La Gazette de Bapaume reste discrète sur elle-même. Et c'est encore chez son confrère qu'il faut puiser pour obtenir des renseignements sur sa rédaction. La rivalité entre les deux titres ne doit pas faire oublier une certaine prudence devant les éléments apportés l'un sur l'autre. Prophète en son pays, Le Cantonal vivait heureux jusqu'à la création de la Gazette et pouvait poursuivre de sa vindicte ses adversaires politiques en toute tranquillité. En 1881, non seulement, il voit arriver un rival, mais aussi le représentant d'une politique qu'il combat, aussi ne se lasse-t-il pas de l'attaquer. Malgré quelques accalmies, les deux hebdomadaires ne cesseront de polémiquer jusqu'à la disparition de La Gazette.
Le Cantonal accuse son rival républicain de vouloir «» faire un journal sans rédacteur «». En novembre 1881, il reproche à La Gazette de n'être qu'un assemblage d'articles découpés dans des journaux anticléricaux voire maçonniques : « Elle découpe dans le Charivari et le XIXe Siècle et autres journaux du même acabit, tout ce qu'il y a de plus cynique et elle le sert sans vergogne à ses lecteurs, comme des élucubrations fraîchement écloses de son cerveau malade. » Et de ne pas hésiter devant une expression cruelle pour mieux mettre les rieurs de son côté : « Les articles ne sont pas signés, ils ne pourraient l'être, puisqu'ils ne sont pas une œuvre de plume, mais une œuvre de ciseaux. (3) »
Si les collaborateurs de La Gazette se montrent discrets, certains articles sont cependant signés d'initiales L.M., L.G., J.B., A.D., Jules B., O.B., L.D., derrière lesquelles se cachent probablement des membres du comité politique… Puis apparaissent les signatures de F. Joussemet, Julius, Civis, Ch. Bigot, Memor, Pierre Luitz, Jean Bernard… Enfin au fil des années, La Gazette, comme beaucoup de périodiques de province, fait appel, comme nous le verrons un peu plus loin, à des journalistes parisiens ou des parlementaires pour ses éditoriaux ou chroniques politiques.
La discrétion est encore plus grande dans la rubrique locale, et irrite Le Cantonal. Au hasard des numéros apparaissent quelques signatures facétieuses : Rigolo ou fa-la-do pour les comptes rendus de concerts. Des rubriques plus spécialisées sont tenues par des notables locaux. Le Cantonal affuble le rédacteur en chef d’un nom généralement donné aux paysans un peu rustres, il le surnomme également « le coquelicot bapalmois (4) ». Les années passent et il met toujours l'accent sur l’indigence de la rédaction de cette « pauvrette ». En 1893, il constate : « Nous n'avons jamais vu, au bout de ses articles, que de faux noms. Elle n'a à son service que de pauvres honteux. Dame ça se conçoit, vu le triste bagage qu'ils portent sur leur dos. »
DE LA RÉPUBLIQUE TOUTES NUANCES AU RADICALISME
Au sein de cette rubrique locale, les réunions du conseil municipal occupent pendant très longtemps une place de choix. Signé jusqu'à ce que les séances soient publiques, en 1884 (5), par le secrétaire de séance, le compte rendu peut s'étaler sur deux numéros. Les mouvements effectués à la caisse d’Épargne de Bapaume, le tirage au sort des classes, la réunion du conseil des prud'hommes, la distribution des prix se limitent souvent à un constat chiffré ou à une liste de noms sans commentaire. Plus étoffés sont les comptes rendus du tribunal correctionnel d'Arras, des réunions du syndicat agricole de Bapaume et de Bertincourt, des manœuvres militaires, souvent empruntés à des confrères régionaux. La commémoration de la Victoire de Bapaume donne lieu, comme dans tous les journaux de l'arrondissement à un traitement exhaustif. Beaucoup de nouvelles émaillant la chronique bapalmoise étayent la ligne politique du journal, notamment son anticléricalisme qui apparaît rapidement comme sa caractéristique. En pleine période de laïcisation, il aime à dénoncer les carences de l'enseignement congréganiste. En juillet 1882, il reprend du quotidien L'Avenir d'Arras l'information selon laquelle « dans les non admissibles au brevet de capacité de la dernière session [se trouvent] deux congréganistes qui tiennent une classe dans l'une des écoles communales de garçons d'un grand chef-lieu d'arrondissement de notre département ; […] dans la dictée qui, certes, ne présentait pas de difficultés, le premier a commis 44 fautes et le second 74. Il est assez difficile à un maître, on en conviendra d'apprendre ce que lui-même ignore. »
Les résultats au certificat d'études sont annoncés comme autant de bulletins de victoire pour l'école publique que d'annonces de défaite pour les écoles des frères. Sa bête noire est le curé doyen de Bapaume. En 1892, à l'occasion du « congédiement » du vicaire, La Gazette se livre, en vain, pendant plusieurs mois à une véritable campagne pour obtenir sa « retraite ou [son] changement », annonçant chaque semaine des révélations, obligeant même l'évêque à reporter la cérémonie des confirmations. Face à des curés qui traitent ses rédacteurs de « francs-maçons », elle prend un malin plaisir à évoquer le cas de desservants désavoués par leur hiérarchie ou renonçant à leurs vœux pour se marier. Elle approuve la politique de laïcisation des écoles menées par la municipalité et la soutient dans les combats judiciaires qu'elle est souvent contrainte de mener pour faire appliquer ses décisions.
La Gazette évolue vers ce radicalisme qui gagne les campagnes. Lors du rendez-vous électoral d'août-septembre 1881, l'hebdomadaire s'affiche nettement en faveur d'un Gambetta qui a viré à l'opportunisme. Il salue sa nomination à la tête du ministère avec enthousiasme : « Nous aimons M. Gambetta parce qu'il a monté courageusement à l'assaut de l'Empire, parce que pendant l'année terrible, il n'a pas désespéré de la Patrie, parce que pendant la délégation nationale, il a discipliné le parti républicain, parce que nous le considérons comme l'homme d’État actuel de la démocratie. » Sa chute en janvier 1882 lui laisse des regrets cependant, reconnaît-il, « le président du Conseil a tout fait pour s'aliéner les bonnes grâces d'une majorité qui ne demandait qu'à le suivre. »
Vingt ans plus tard, en 1902, le journal se félicite de l'action du ministère Combes : de la circulaire invitant les fonctionnaires à observer « une attitude nettement et résolument républicaine », des décrets sur la fermeture d'écoles congréganistes « Pour ce grand service qu'il a rendu le ministère Combes sera traîné dans la boue par les cléricaux et méprisé par les progressistes, mais il aura l'estime et la reconnaissance de la France républicaine. » En 1905, elle salue la séparation de l’Église et de l’État comme un des plus importants [votes] qu'aura à enregistrer l'histoire de la Troisième République. »
Élu conseiller municipal sur une liste radicale en 1891, Victor Hamel est devenu membre de la Ligue républicaine, radicale démocratique et sociale. Les militants locaux de ce mouvement interviennent maintenant dans La Gazette. Des éditoriaux signés par des personnalités radicales sont de plus en plus fréquents. Dès la fin des années 1880, le journaliste radical Auguste Vacquerie, du Rappel, y apporte sa contribution. Puis c'est Henry Maret, fondateur du Radical depuis 1881, député depuis 1899, Yves Guyot, fondateur du Journal des Économistes, ancien ministre des Travaux publics en 1889, Hector Depasse… À la fin de la première décennie du xxe siècle, c'est une nouvelle génération de radicaux qui s'y exprime : Albert Dalimier, Paul Strauss (6)… Lors des élections législatives de 1910, le journal soutient dans la 2e circonscription d'Arras la candidature du radical Guérin-Catelain qui y signe quelques papiers. Lors d'une des nombreuses controverses avec Le Cantonal, le rédacteur en chef de ce dernier affirme d'ailleurs que « Guérin est le propriétaire effectif de La Gazette. »
FACE À QUELQUES CRISES
La Gazette de Bapaume n'est pas restée insensible au général Boulanger : « On doit beaucoup à l'ancien ministre de la Guerre. On lui doit d'avoir rendu au pays la confiance dans la force de son armée et l'espérance de vaincre ». Cependant elle déplore les excès qui ont empêché son départ pour Clermont-Ferrand où il est éloigné par le gouvernement. « Eut-il à la fois donné la mesure d'un Alexandre, d'un César et d'un Napoléon qu'un tel engouement pour sa personne serait déplorable. Cet engouement serait surtout dangereux. Le régime du sabre ne valut jamais rien qui vaille… »
Dès lors elle n'a de cesse de dénoncer la menace boulangiste. En août 1888 après sa victoire électorale dans le Nord et dans la Somme tout proches, elle appelle « les amis clairvoyants de la République et tous les patriotes qui ont au cœur la haine vigoureuse de la dictature » de ne « pas songer un seul instant à désarmer devant les menaces de l'ex-général (7) et des néo-césariens qui l'entourent. »
En réponse à la crise boulangiste, la Gazette réclame des réformes. En 1887, elle a d'abord soupiré devant la démission de Jules Grévy, touché par le scandale des décorations, mais elle veut aller plus loin : « les républicains ont un autre devoir à remplir que celui de ménager la popularité d'un général indiscipliné, ils doivent travailler sans cesse au relèvement de la patrie et donner au peuple les réformes qu'il attend. Que la majorité de la Chambre se mette à l'œuvre qu'elle se reconstitue sous l'égide d'un gouvernement réformateur et cette agitation factice, créée autour d'un soldat, s'évanouira comme une ombre. » Aussi appelle-t-elle à l'adhésion derrière le ministère Floquet.
Deux ans plus tard, en mai 1891, la fusillade de Fourmies lui laisse un profond sentiment de tristesse : « Le sang français a coulé pour la première fois depuis la République. L'armée a fait feu sur les ouvriers. C'est un grand malheur. » Pourtant elle salue l'engagement du président du Conseil, Freycinet, de « montrer que la République n'est pas seulement le gouvernement de la liberté, mais qu'elle est avant tout le gouvernement de la fraternité. » Et de rappeler l'œuvre déjà accomplie pour améliorer le sort des ouvriers. Consciente de son déficit social, elle l'engage à aller plus loin : « le moment est arrivé d'appliquer les règles de la Fraternité. Et la République aura ainsi accompli sa triple mission d'émancipation civile, politique et sociale… »
La politique des modérés ne peut pas convenir au journal bapalmois. En juin 1894, lors de la nomination du nouveau ministère Dupuy, il s'écrie : « À gauche ! » préconisant une politique républicaine fondée sur trois points : la rupture avec les ralliés, la défense des droits de l’État contre le cléricalisme et la réforme de l'impôt.
MANQUE D'AVENIR OU D'IMPRIMEUR ?
En 1881, les deux premiers numéros de La Gazette sortent des presses de l'imprimerie de L'Avenir d'Arras, quotidien républicain. Dès février, les gérants des deux publications se sont rencontrés. Un contrat a été rédigé par le responsable de la société arrageoise, Eugène Carlier, mais quand il le soumet à son conseil de surveillance, il est désavoué : « L'impression de La Gazette de Bapaume est incompatible avec les intérêts de L'Avenir. » La décision des dirigeants du quotidien arrageois, qui se définissait encore quelque temps auparavant comme « une œuvre de propagande et non une entreprise commerciale », provoque bien sûr l'incompréhension du comité de rédaction de l'hebdomadaire bapalmois : « Notre feuille poursuivant le même but pouvait parfaitement sortir des presses de L'Avenir, sans lui causer de préjudice. » Elle permet à son concurrent, Le Cantonal, d'ironiser sur le manque d'Avenir du nouveau venu. La Gazette doit vite trouver une solution de repli chez un autre imprimeur arrageois, Rohard-Courtin, installé, 7, place du Wetz-d'Amain (8). Elle lui reste fidèle jusqu'à sa disparition. Elle le suit lorsqu'il s'établit place du Pont-de-Cité en 1891. Elle continue à travailler avec son successeur F. Guyot, lorsqu'il lui laisse son établissement en 1896.
Les premiers numéros auraient été tirés à 2 100 exemplaires (9). Ce chiffre semble cependant excessif, si on le compare au tirage des quotidiens arrageois ou d'un Cantonal déjà bien installé à Bapaume et dans ses environs. L'effort de propagande accompli lors du lancement auprès des différents élus de la circonscription et dénoncé par son rival (10) ne semble guère le justifier. En 1888, le tirage est de 700 exemplaires, ce qui paraît plus vraisemblable. Le journal, écrit la police qui ne peut que lui être favorable, est « assez goûté dans les campagnes ». Cependant, cette relative sympathie ne lui permet pas de progresser dans les années qui suivent. Quinze ans après sa création, en 1896, son tirage n'est que de 650 exemplaires.
La forme de La Gazette n'évolue guère tout au long des années. Son titre peut connaître quelques variantes, son format s'agrandir légèrement, la présentation ne connaît pas de bouleversements. Dans les collections consultées, les innovations techniques sont rares. En juin 1882, l'article nécrologique sur Garibaldi est illustré par un portrait de l'artisan de l'unité italienne. En décembre 1887, un portrait du président de la République nouvellement élu, Sadi Carnot, est encarté dans le journal… Il ne fait là que suivre les habitudes de ses confrères. Sans qu'on en ait trouvé trace pour d'autres années, en 1896, il offre à ses lecteurs un calendrier illustré en bichromie.
LA FUSION AVEC L’ÉDUCATION SOCIALE
La rédaction a déménagé plusieurs fois, depuis près de trente ans, Victor Hamel occupe toujours la gérance. Le 22 mai 1910, il fait ses adieux à ses lecteurs. Le vieux républicain est remplacé par Henri Candas qui vient de L’Éducation sociale disparue après la défaite aux législatives de son fondateur Guérin-Catelain. Candas, qui a collaboré pendant quelques mois avec lui, lui rend un hommage appuyé, saluant « son talent, sa franchise, son désintéressement [qui] avait gagné tous les cœurs vraiment républicains. » La Gazette prendra le relais de ce journal « si vaillant et si démocratique […] attendu chaque semaine avec la plus grande impatience. »
Coup de théâtre, le 12 juin. Lagrange, président de la Ligue républicaine, radicale, démocratique et sociale de la 2e circonscription d'Arras, et Mathon, secrétaire général de l'Union républicaine, démocratique et sociale de la 1re circonscription, annoncent la fusion des deux journaux : « Il est apparu à tous que les idées radicales et radicales-socialistes font des progrès sérieux dans nos deux circonscriptions. Ces idées nous avons le devoir de les faire progresser encore et de maintenir entre tous l'union grâce à laquelle nous venons de remporter deux succès républicains.
L’Éducation sociale répondait au double but que nous poursuivons. […] Grâce au concours désintéressé, aux conseils éclairés de notre ami Guérin-Catelain, de son collaborateur Candas, L’Éducation Sociale va reparaître sous le titre Éducation sociale et Gazette de Bapaume, organe du bloc républicain de l'Arrondissement d'Arras. Le rédacteur en chef sera M. Guérin-Catelain et le gérant Candas… »
Le 26 juin 1910 paraît le dernier numéro de La Gazette de Bapaume qui, à partir du 3 juillet, laisse la place à L’Éducation Sociale et Gazette de Bapaume, organe républicain du bloc de l'arrondissement d'Arras, toujours imprimé par Guyot, 6, place du Pont-de-Cité, à Arras, mais dont la rédaction a quitté la cité de l’Éclusier (11).
(1) Le premier exemplaire de La Gazette conservé aux Archives départementales est le n° 3 daté du 3 avril 1881. Dans l'article « La Gazette de Bapaume et la Société du Journal L'Avenir d'Arras », paru dans ce numéro, la date de la première livraison est confirmée.
(2) Le Cantonal pointe là une pratique courante à l'époque, employée par la plupart des propriétaires de presse. La loi de 1881 a institué la responsabilité première du gérant en matière pénale. Cependant librement choisi par les vrais propriétaires du journal, il peut n'avoir aucune part dans la gestion et dans la rédaction du journal. Il se contente de remplir certaines formalités lors de l'édition, et d'endosser les condamnations éventuelles. C'est un véritable homme de paille.
(3) La pratique est courante dans la presse de province de l'époque. Le Cantonal y a probablement recours comme les autres journaux. Eugène Liebert, du xixe Siècle, qui donnera une « causerie politique » dans La Gazette, constatait d'ailleurs que la presse de province était souvent « un recueil de bons articles politiques taillés sur les patrons que donnent les journaux parisiens. » (Cité par Pierre Albert, « La conquête de la liberté de la presse », dans Histoire générale de la presse française, tome III, PUF, 1972).
(4) Allusion probable à son uniforme rouge de soldat. Le Cantonal l'accuse d'avoir été impérialiste et de « parader sur la place pincé dans son frac, ayant au côté cette épée légendaire qui ressemblait à une aiguille attachée à une perche. »
(5) La loi municipale du 5 avril 1884 abolit la nomination des maires, désormais élus par les conseillers municipaux, les séances du conseil deviennent publiques.
(6) Député depuis 1906, Albert Dalimier sera plusieurs fois ministres dans les années 30. Il sera poussé à la démission lors de l'affaire Stavisky. Sénateur lorsque ses chroniques paraissent dans La Gazette, Paul Strauss sera lui aussi ministre en 1924.
(7) Le 26 mars 1888, le général Boulanger a été mis à la retraite.
(8) Rohard-Courtin a pris la suite, en 1878, d'Auguste Rohard, dernier imprimeur du Progrès du Pas-de-Calais de Frédéric Degeorge.
(9) AD du Pas-de-Calais 10T 23.
(10) Dans la chronique du 10 avril 1881 du Cantonal, les lecteurs pouvaient lire le récit suivant :
« - Monsieur, prenez mon ours, disait un de ces nombreux agents qui parcourent en ce moment la campagne pour placer la feuille opportuniste, c'est M.D. qui m'envoie.
- Eh ! qu'est-ce que cela fait, répondit le maire impatienté et qui était relancé pour la quatrième fois…
Faut-il croire encore que cette pression a aussi été exercée près de modestes employés ?… »
(11) Géant de Bapaume apparu le 30 mars 1891.