GAZETTE DE LILLERS (LA)
La Gazette de Lillers. Journal hebdomadaire, annonces, réclames et avis divers
Devient : La Gazette de Lillers. Journal politique et commercial. Annonces, réclames et avis divers.- Puis : La Gazette de Lillers. Journal politique et commercial. Annonces, réclames, marchés et avis divers
Jusqu'à la disparition de La Gazette de Lillers, en 1914, les commentaires que le commissaire de police de Béthune porte sur cet hebdomadaire ne varient guère : « Ne s'occupe presque jamais de politique » (1896), « Pas de politique » (1914). Tout juste se hasarde-t-il à préciser qu'il est républicain.
Un périodique, Le Publicateur, est déjà édité dans la ville de la chaussure depuis plus d'un an, lorsque La Gazette de Lillers. Journal hebdomadaire, annonces, réclames et avis divers sort le 2 avril 1884. Quelques mois plutôt, l'un des principaux fabricants de chaussures de la commune, Ovide Fanien, dont son le frère Achille est député opportuniste de la première circonscription de Béthune depuis 1881, a été élu maire de la commune.
Titre en lettres gothiques, format 33 x 47 cm, présentation sur quatre colonnes, le premier numéro de la collection bien incomplète disponible aux Archives départementales du Pas-de-Calais date du samedi 3 avril 1886. La Gazette de Lillers qui en est à son quatre-vingt huitième numéro est vendue 5 centimes à l'unité ou 3 F l'abonnement d'un an et 2 F celui de six mois. Le prix des insertions est de 20 centimes la ligne pour les annonces et de 40 centimes pour les réclames. Elle est imprimée rue Entre-deux-Places, chez E. Caillieret qui en est également le gérant.
Aucune surprise dans son contenu entièrement annoncé dans son sous-titre. La « Une » s'ouvre par les horaires des trains vers Béthune et Hazebrouck, les mouvements de la Caisse d'épargne de Lillers et l'état civil. Suivent quelques « nouvelles de la semaine » : la tenue du conseil de révision, la circulation de pièces étrangères, et des faits divers. Le bas de page est réservé au feuilleton : L'Aubépine Rose de Ducampfranc qui court également sur la deuxième page. Celle-ci propose plusieurs rubriques : « Jardinage », « Choses et autres », des «Variétés » signées M. O.
Parmi les nouvelles locales, le lecteur trouve notamment le procès verbal de la réunion du syndicat agricole de Lillers, celui de la réunion du conseil municipal sous la présidence d'Ovide Fanien, la liste des récompenses attribuées lors des concours du comice agricole de Lillers, les succès aux examens. L'ensemble se termine par le compte rendu de l'audience du tribunal de Béthune, du départ de la prison de Saint-Omer des condamnés aux travaux forcés et la liste des jeunes gens tirés au sort.
S'il est difficile de suivre le journal semaine après semaine, les incursions dans le domaine politique semblent rares. En 1899, à l'occasion des élections législatives, La Gazette publie la profession de foi d'Achille Fanien, puis donne les résultats des 1re, 2e et 3e circonscription de Béthune, mais sans ajouter aucun commentaire. Le 29 novembre 1902, elle prend le sous-titre de « Journal politique et commercial. Annonces, réclames et avis divers. » Lors des élections législatives d'avril, Achille Fanien a été battu par le baron Dard qui est invalidé. Son gendre, Philogène Delelis, maire de Lillers depuis la mort d'Ovide Fanien, s'apprête à relever le gant. La Gazette semble, cette fois, avoir choisi son camp accusant Dard d'avoir acheté les suffrages, « de ne pas défendre les intérêts de sa région ». L'état des collections ne permet pas de savoir si La Gazette s'est engouffrée plus en avant dans la mêlée pour soutenir le premier magistrat de la commune. En tout cas, quelques mois plus tard, le numéro daté des 30 mars et 7 avril 1904 se contente de donner sobrement, sans commentaire, le résultat des élections municipales. Le 30 juillet, L'hebdomadaire semble pourtant esquisser un sourire de satisfaction en titrant « Victoires républicaines » après les cantonales où Delelis et Leflond sont élus dans les cantons de Lillers et de Norrent-Fontes. Les pages du journal témoignent de l'omniprésence de la famille Fanien tant à la mairie qu'au Parlement ou dans la vie économique avec Ovide et Achille Fanien, puis Delelis-Fanien, mais aussi avec les bonnes œuvres de leurs épouses dont La Gazette se fait l'écho.
À la politique, le journal préfère le compte rendu des championnats du Nord de courses vélocipédiques qui se déroulent le 25 mai 1890 à Béthune, des représentations au théâtre de Lillers. Dans la première décennie du xxe siècle, elle propose diverses chroniques aux noms variables. Patrice Nollet et Daniel Brice signent à tour de rôle une sorte de bulletin de politique : « Une semaine en France et à l'étranger ».
L'influence de cet hebdomadaire, qui s'installe, en 1890, 9 rue du Commerce et a adopté un format plus grand (38 x 55 cm), reste limitée. En juin 1896, son tirage est de 300 exemplaires pour 60 abonnés. Trois ans plus tard, son tirage aurait cependant doublé et ses abonnés seraient 150. Chiffres que la police confirme en 1914.
Le dernier numéro régulier paraît le samedi 15 août 1914. La Gazette qui est dans sa 36e année ne comporte plus que deux pages. Deux éditions spéciales d'une page sortent encore les samedis 12 et 26 septembre 1914.