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JOURNAL D’HÉNIN-LIÉTARD (LE)

Le Journal d’Hénin-Liétard et du canton de Carvin paraissant deux fois par semaine (puis le dimanche). Organe des intérêts ouvriers, commerciaux, industriels et agricoles de la région

Le même produit sous un label différent ! Le dimanche 27 novembre 1897, les habitants d'Hénin-Liétard et de Lens peuvent découvrir un nouveau périodique : les premiers Le Journal d'Hénin-Liétard et du canton de Carvin, les seconds Le Petit Lensois. Journal de Lens-Liévin & de la région.
Les deux titres sortent des presses de l'imprimeur Plouvier-Dekindt, 22, rue de la Gare à Hénin-Liétard où sont installées leur rédaction et leur administration. Ils ont également pignon sur rue à Carvin chez Plouvier-Caron, lui-même imprimeur rue du Centre. Tous deux portent le même sous-titre « Organe des Intérêts ouvriers, commerciaux, industriels et agricoles de la région ». Leur périodicité est la même : bihebdomadaire. Le prix des insertions est le même à Hénin-Liétard ou à Lens : 25 centimes la ligne pour les annonces en quatrième page, 40 centimes pour les réclames en troisième page, 75 centimes en chronique locale.
Les deux périodiques se ressemblent comme des jumeaux auxquels on aurait fait une coupe de cheveux différente pour les distinguer. Le format est le même 45 x 60 cm, la présentation sur six colonnes. Seule la têtière est légèrement différente. Bénéficiant de la même équipe rédactionnelle, dirigée par Charles Frans, les deux publications proposent le même contenu (Cf. Le Petit Lensois), les rubriques Hénin-Liétard et Lens se retrouvent dans l'une et l'autre. Le périodique d’Hénin-Liétard reçoit bien sûr les annonces commerciales des négociants établis dans la région. « Voulant protéger le commerce du pays, il n'insère pas, poursuit-il, les annonces des grands magasins n'ayant aucune succursale dans la contrée. »
Seul périodique imprimé dans le canton, Journal d'Hénin-Liétard est accueilli, semble-t-il, avec sympathie. Un mois après son lancement, le 29 décembre 1897, son tirage serait de 2 000 exemplaires. Après les élections municipales de 1898, ses relations avec le nouveau maire socialiste Wagnon sont pourtant difficiles. Le périodique conservateur multiplie les commentaires peu amènes sur la politique anticléricale de l’élu. Charles Frans ironise ainsi sur « la suppression des noms de rues d'origine cléricale », aussi propose-t-il de « baptiser une rue Casério afin que les anarchistes ne soient pas jaloux de la place Carnot ». Il suggère également « une inspiration plus heureuse dans le choix des noms de rues que dans celui des noms inscrits au frontispice de nos écoles ». En effet quelle étrange idée d’appeler une école Voltaire, lui « qui disait "Le peuple est tout au plus bon à manger du foin" », ou Jean-Jacques Rousseau qui «» aimait tellement les enfants qu'il plaçait les siens aux Enfants Trouvés ». Les relations sont si tendues qu’en août 1902, Théodore Plouvier est « chassé » d’une réception organisée en l’honneur de la musique municipale. D’une plume vengeresse, le rédacteur du périodique dénonce « le régime de la Terreur ».
De bihebdomadaire, Le Journal d'Hénin-Liétard et du canton de Carvin devient, le 15 mai 1898, comme le Petit Lensois, hebdomadaire. Quelques mois plus tard, en janvier 1899, Plouvier crée cependant un troisième titre Le Journal de Carvin et du canton de Carvin qui est la copie conforme du Journal d'Hénin-Liétard dont le titre comporte toujours la mention « et du canton de Carvin ». En mai 1913, son tirage serait encore 3 000 exemplaires . Sa parution se prolonge jusqu'au lendemain de la déclaration de la guerre.