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Petite Feuille anarchiste, périodique et gratuite (La)

La Petite Feuille anarchiste, périodique et gratuite

1.1 L'hebdomadaire. Selon le Journal de Roubaix du 23 mars 1902, le premier numéro d'un journal anarchiste périodique et gratuit La Petite feuille anarchiste, imprimée sur papier rouge à Roubaix, avait été distribuée le vendredi précédent dans toutes les rues de Roubaix. Le gérant en était Pierre Degreef, 38, rue Paul Bert. Le numéro 16 donne une indication sur le tirage, à prendre avec les précautions d'usage; La Petite feuille tire à 5000 exemplaires; mais on pousse à 10000 " chaque fois que les événements l'exigent". 1.2 Les auteurs. Peu d'articles sont signés. On trouve toutefois les noms de Jean Grave, l'une des têtes parisiennes du mouvement anarchiste, de C. Dhooghe, des Jeunesses laïques de Lille, et d'A. Delhalle et Maurice Bouche, sans autres précisions. 1.3 La ligne de l'hebdomadaire. Le premier numéro n'a pas été retrouvé. Dans le second, Degreef se lance dans une violente diatribe : C'est toi le criminel -qu'on appelle peuple- puisque c'est toi le souverain. Tu es, il est vrai le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime. Tu te plains. Mais tu veux le système où tu végètes. Tout est pour toi, et tu n'es rien. Je me trompe : tu es l'électeur, le votard [...] celui qui en votant consacre toutes ses servitudes... Dans le numéro trois, La Petite feuille anarchiste fait preuve d'une certaine prescience : Aujourd'hui, le candidat, c'est l'affiche. Demain, l'affiche sera le candidat. Et de continuer sur le même ton; la profession de foi n'a d'autre sens que profession d'être candidat, foi de gouverner. Un mois plus tard le même Pierre Degreef, menait campagne dans la 6ème circonscription (Roubaix, Lannoy et Cysoing), d'après Le Journal de Roubaix du 18 avril 1902, sans aucune intention d'être élu, naturellement. Le service militaire et l'armée sont des préoccupations constantes de la Petite feuille anarchiste, puisqu'on y apprend l'obéissance, et à réprimer ses frères ouvriers ( La patrie, n°6; Ce qu'on apprend à la caserne, n°7). Mais l'on s'adresse surtout aux conscrits : Pour le conseil de révision (n°6), comparant les flots de rubans et les rosettes qu'ils arborent aux enrubannements des bêtes de concours qu'on mène à l'abattoir... (n°15).La justice militaire est bien sûr prise à partie (n°8, n°16). La Petite feuille anarchiste est aussi anticléricale, s'en prenant aux prêtres qui jouissent du silence en cas de crimes sexuels, ainsi qu'à la confession, qui leur permettrait de séduire leurs pénitentes, et de propager le vice : la masturbation est peu répandue dans les pays protestants, qui ne connaissent pas la confession ; ce sont les questions indécentes des prêtres qui propagerait cette habitude... (n°8). La Petite feuille anarchiste s'élève aussi contre la peine de mort, véritable crime social, et s'en prend à ses adversaires, les réformistes (n° 12), et aux jésuites rouges du POF (n°16). Ce périodique disparaît après le numéro 16, pour être immédiatement remplacé par La Feuille anarchiste (voir ci-dessous, 1903).