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Bandit du Nord (Le)

Le Bandit du Nord. Organe anarchiste

Le Bandit du Nord semble n'avoir connu que deux livraisons avant de disparaître. Pourtant on proposait des abonnements annuels à 6 francs (le numéro était vendu 10 centimes). L'administration avait pensé à la distribution : N'ayant pas les moyens de diffuser le journal partout (faute de militants ?), on proposait aux compagnons volontaires de leur envoyer cent exemplaires du journal contre 6 francs, payables d'avance. Le gain était sans doute trop faible (4francs à condition de tout vendre) pour susciter l'enthousiasme…
Quoi qu'il en soit, le journal était imprimé à Roubaix par un certain Donolet, boulevard de Strasbourg. Le même Donolet était également le gérant de la publication. La correspondance concernant le périodique devait être envoyée au compagnon Vercruysse, 21, rue du Fourcroy. Selon Lepreux, le journal était rédigé par le compagnon Vercruyse, et, selon Maitron, Girier-Lorion, qu'on avait déjà rencontré au Cri du travailleur, y collabora.
Le Bandit ne se fait aucune illusion sur la façon dont le titre sera accueilli : Que de réflexions, de sourires, de critiques, de quolibets seront lancés à ce titre. Le journaliste payé pour écrire aiguisera sa plume de tolède (sic) pour faufiler entre deux lignes creuses une coquille vide. Le bourgeois au gros ventre nous appellera fanfarons […] et les malicieux politiciens […] socialistes diront que nous sommes des gens du désordre dont il faut se méfier…Pour justifier ce titre provocateur, l'hebdomadaire dresse un tableau de la société, opposant les nantis et les misérables, et conclut : Compagnons, l'honnêteté, la justice la morale, la patrie, tout ça c'est tellement odieux que nos cœurs ne peuvent vivre sous ces drapeaux ; il vaut mieux nous appeler BANDIT! Si l'on ajoute l'athéisme ( cette vieille bêtise qu'on appelle Christ…), à ce plaidoyer, on a la pensée du Bandit tout entière. Elle est d'ailleurs précisée par la publication en feuilleton de La Philosophie de l'anarchisme de Charles Mato.
Les promoteurs sont atteints d'un accès d'humilité devant leur œuvre, qualifiée de " modeste " au moins trois fois dans la seule première page du premier numéro. Conscients de la difficulté qu'il y aura à remplir les pages de l'hebdomadaire, ils font appel aux rédacteurs du Père Peinard, afin qu'ils contribuent au nouveau titre.