Travailleur du sous-sol (Le)
Le Travailleur du sous-sol, revue mensuelle, organe de la fédération nationale des travailleurs du sous-sol et des parties similaires (mineurs, miniers et ardoisiers) Section française de l'interna
Devient : Le Travailleur du sous-sol. Organe de la fédération nationale des travailleurs du sous-sol et parties similaires (Mineurs, miniers et ardoisiers) Section française de l'Internationale ouvrière
« Un pour tous, tous pour un ». Cette devise au-dessus du titre est peut-être le dernier témoignage de la parenté du Travailleur du sous-sol avec L'Ouvrier mineur qu'il a remplacé en 1909 (Cf. notice). Des premières années du Travailleur du sous-sol, il ne reste d'ailleurs aucune trace. Les premiers numéros de cette « revue mensuelle, organe de la fédération nationale des travailleurs du sous-sol et des parties similaires (mineurs, miniers et ardoisiers. Section française de l'internationale minière », consultables à la Bibliothèque nationale, datent de 1919, et le périodique est déjà dans sa dixième année. Quant à la vingtaine de numéros parus avant la Seconde Guerre et conservés aux Archives départementales du Pas-de-Calais, ils sont encore plus tardifs, allant du second semestre 1935 à novembre-décembre 1939. De format 43 x 61 cm, le périodique comprend alors quatre pages présentées sur six colonnes. Il sort des presses de l'Imprimerie ouvrière à Lens, mais son administration et sa rédaction sont installées rue Lafayette à Paris. Son gérant est F. Panissal. Sa périodicité est devenue bimestrielle.
UN JOURNAL NATIONAL
Le numéro daté du second semestre de 1935 est tout à la joie de l'unité retrouvée entre les deux CGT. La livraison a été retardée pour annoncer la fusion. « La scission a vécu. La fusion est virtuellement réalisée » jubile en « une » Pierre Vigne, secrétaire de la fédération régionale du Gard et président de l'Internationale minière, tandis que Cyprien Quinet et René Bard y voient la promesse de grands espoirs pour les mineurs. « Avec l'unité syndicale nous vaincrons » proclame le premier, « L'unité doit permettre de renforcer notre action en faveur de l'ensemble de nos revendications » renchérit le second. Cette unité, c'est bien ce que Le Travailleur du sous-sol retiendra au crédit d'une année pourtant peu favorable aux travailleurs : « L'année 1935 qui fut parfois si cruelle aux travailleurs et surtout à l'immense armée des sans-travail vient de prendre fin. Nous pourrions, à son départ, la maudire et ne point lui exprimer nos regrets. Cependant accordons lui quelques mérites, elle aura vers la fin de sa carrière apporté à la classe ouvrière et aux mineurs en particulier de grandes espérances » reconnaît le périodique. Le numéro suivant daté du 1er trimestre 1936 est encore tout à la célébration de l'événement. Dans ses six pages illustrées de photos, il fait une large place au congrès national de la fusion qui s'est tenu en février à Albi.
Journal corporatif, Le Travailleur du sous-sol se fait l'écho de toutes les revendications des mineurs. Il rend compte des luttes à travers les différents bassins. À partir de 1936, il se fait le témoin des avancées sociales accordées par le Front populaire : la semaine de 38 heures 40 dans les mines souterraines de charbon, la retraite à 6 000 F… Il rend compte de la signature des « contrats collectifs dans les différentes houillères : Nord et Pas-de-Calais, Gard, Carmaux, Loire ». Son regard ne se limite pas à la France, il publie le Manifeste des internationales syndicales et socialistes réunies à Londres.
Les éditoriaux sont signés Pierre Vigne ou René Bard, mais les représentants du Pas-de-Calais sont nombreux à y collaborer réformistes ou unitaires : Priem, Kléber Legay, Quinet, Thiébaut, Duguet, etc.
Au-delà des intérêts des mineurs, Le Travailleur du sous-sol est ouvert sur le monde qui l'entoure, il se montre particulièrement attentif à la « guerre d'Espagne »l lançant des appels à l'aide en faveur des républicains. Il s'indigne de la mort du ministre de l'Intérieur Roger Salengro reproduisant la déclaration du bureau fédéral, présentée bien modestement sur une colonne : « Le Front populaire en deuil ; ils ont tué Salengro ».
LA REVANCHE DES RÉFORMISTES
Après la signature du pacte germano-soviétique, les réformistes y prennent leur revanche. Dans le dernier numéro d'avant-guerre conservé aux Archives, Staline est devenu un « traître à la classe ouvrière », il est désigné comme l'un des responsables de la guerre. Au milieu de la « une », un dessin symbolise la mort de la paix : son cercueil portant la mention « morte à 21 ans » est entouré de deux chandelles à l'effigie d'un Hitler maussade et d'un Staline hilare. Pierre Vigne reconnaît le bien-fondé de l'objectif de 60 millions de tonnes de charbon fixé par le gouvernement, mais pose les conditions nécessaires pour l'atteindre. Dans un article intitulé « Est-on maintenant bien convaincu ? », Kléber Legay « copieusement arrangé » pour avoir dit son trouble après un voyage en Russie en 1937, y trouve une revanche : « De leur plus tendre adolescence jusqu'à l'âge adulte, là où l'on pouvait les arracher à leur mère, la jeunesse russe était élevée dans le goût de la guerre, le maniement des armes, la haine des populations des autres nations les plus civilisées, écrit-il. Le sort fait à la Pologne à la Finlande par les Bolcheviks nous éclairent sur les objectifs que s'étaient assigné les dictateurs de Moscou, en formant la jeunesse, aux idées de conquêtes impérialistes, en lui enseignant le goût et l'art de la guerre. » Et de rappeler la campagne dont il avait fait l'objet en tenant ces propos : « À cette époque, on a dit, répété, diffusé à des centaines d'exemplaires, de tracts et de brochures spéciales dont une de Grenier, député communiste, que j'étais un agent du fascisme, un propagandiste de l'hitlérisme, pour avoir dénoncé ces quelques phrases significatives des intentions russes. Et cependant il faut se rendre à la réalité, les deux assassins, Staline et Hitler, sont amis, leur aviation porte la mort, la désolation en Pologne et en Finlande, espérant sans doute la porter chez nous, s'ils n'avaient devant eux des pays qui se sont heureusement ressaisis et font face à cette affreuse dualité qui ont engagé le monde dans une abominable aventure. »
DU PAS-DE-CALAIS À PARIS
La première livraison d'après-guerre conservée par les Archives départementales du Pas-de-Calais est un numéro spécial sorti à l'occasion du 1er mai 1946. De format 28 x 43 cm, Le Travailleur du sous-sol. Organe mensuel des travailleurs du sous-sol et similaires ne comprend que deux pages, présentées sur quatre colonnes. Vendu 3 francs, il a été imprimé à Paris. Il reprend le manifeste adopté par le congrès de la CGT du 8 au 12 avril où les communistes y ont marqué leur influence. Il rappelle le chemin parcouru depuis les revendications déposées par le syndicat des mineurs du Pas-de-Calais le 1er mai 1892. Enfin, il appelle à voter oui au projet de constitution le 5 mai.
Le second numéro consultable aux Archives départementales est daté de janvier 1951. Il porte la mention « nouvelle série, n° 1 ». La rédaction du périodique, dirigée par Paul Seine, est toujours installée 213, rue La Fayette à Paris, mais il est maintenant fabriqué par l'Imprimerie centrale de presse 66, rue Jean-Jacques Rousseau à Paris. L'éditorial du secrétaire général Victorin Duguet, appelant à la mobilisation et à l'unité pour faire aboutir les revendications des mineurs au moment où les stocks de charbon s'épuisent, occupe pratiquement toute la " une " du périodique.
Quelque cinq ans plus tard, la formule évolue. Dirigé par A. Blondeau, le périodique comprend six pages de format 44 x 62 cm, présentées sur huit colonnes. Les éditoriaux sont signés Henri Martel, directeur général adjoint de la FNSS.